Hier soir, je suis allée dans mon premier donjon. C’était une sorte de cave où les salles se succédaient les unes aux autres, peuplées de machines étranges, de lourdes chaînes, et de beaucoup de monde : nous étions venus nombreux à l’apéro de Flore Cerise pour rencontrer Éva Delambre, dont les deux romans, Devenir Sienne et L’Esclave, relatent la soumission d’une femme. Nous n’avons pas été déçus : l’auteure, toute en finesse et en blondeur, collier de métal au cou, nous a longuement parlé de ses livres et de sa conception de la soumission. Son Maître, qui était présent à ses côtés, nous a également donné son point de vue.
Un point m’a plus particulièrement intéressée : Éva Delambre nous a expliqué comment elle en est venue à comprendre et accepter ses fantasmes de soumission. Elle a l’impression d’avoir toujours porté en elle cette attente, ainsi a-t-elle été fascinée, petite, par la scène où Angélique, inénarrable Marquise des anges, se fait fouetter (une parenthèse sur ce point : j’ai moi-même des souvenirs marquants d’une scène de viol sur un canapé, je me demande ce que ça dit sur mon compte…). Mais c’est l’écriture qui a mené la belle à la réalisation de ces fantasmes : c’est en écrivant Devenir Sienne, en laissant libre cours à ses pensées sur papier (ou sur écran), qu’elle a pris conscience, en même temps que son héroïne, de son désir d’aller plus loin.
On demande souvent aux auteurs érotiques s’ils se sont inspirés de leur vie, s’ils ont vécus ce qu’ils racontent. Parfois, c’est le contraire qui se produit : la fiction précède le réel. L’écriture inspire la vie, celle de l’auteure et, parfois, celle des lecteurs. Dire un fantasme, cela peut être une façon indirecte de l’assouvir ; ça peut être aussi une façon de l’aiguiser, jusqu’à ce qu’à ce que l’accomplissement soit inéluctable. (Et là, deuxième parenthèse : j’ai écrit tellement de fantasmes que parfois je me perds moi-même dans mes envies, mais, sûrement, il y en a qui surnagent et qui vont ressurgir d’une autre façon… lesquels ?)
Éva Delambre nous a également expliqué qu’elle ne se sent pas concernée par l’idée que c’est le soumis qui domine en fait, puisqu’elle ressent le besoin de s’abandonner totalement, de lâcher prise : « si ce n’est pas le cas, je rends mon collier », a-t-elle conclu avec humour.
Bref, tout ça m’a donné bien envie de me plonger dans ses bouquins, même si, quand je lis des histoires d’esclave ou de soumise, je ne peux pas m’en empêcher : je me sens toujours un peu Spartacus.
Les romans Devenir Sienne et L’Esclave sont publiés chez Tabou Éditions, vous pouvez vous les procurer ici et ici.
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Mes premiers recueils de nouvelles commencent tous par cette citation de Jean d’Ormesson : « écrire, c’est inventer avec des souvenirs ». Tout est dit, non ?
Très belle citation ! Et pleine de vrai…
Bonjour Julie,
Intéressante critique dont la fin suscite une question : que diable signifie : « je me sens toujours un peu Spartacus » ?
Bonne journée !
L’idée de la soumission me donne des envies de rébellion !