C’est d’abord la couverture qui attire l’attention. L’illustration, très frappante, est de l’auteur, Gier, également peintre. Le cœur de la matière est une nouvelle assez brève qui reprend le thème cher à Ovide de la métamorphose. Une jeune femme Bettina, pose pour le sculpteur Nako. Mais il se passe d’étranges choses dans l’atelier…
C’est un récit beau et cruel que j’ai lu avec plaisir – et un peu d’effroi. Je n’en dirai pas plus, pour vous laisser les frissons de la découverte, mais je vous donne à lire un extrait, situé au début de la nouvelle.
Toujours nue, légère, sans le regard dur du sculpteur, elle se dirige vers l’étoffe, qui dissimule un homme de pierre. Un corps long et mince comme elle les aime. Le travail est d’une singulière finesse. Les veines de la statue laissent couler le sang ! On le devine transportant la vie. Les yeux, quasiment transparents, ont tant de chose à dire. Elle ne peut s’empêcher de toucher la chair de pierre, le contour du visage, les muscles, les fesses, le sexe. Elle a le sentiment d’une érection sous ses doigts gourmands. Des frissons déchirent son ventre. Entre ses cuisses, un volcan brûle, prêt à entrer en éruption. Clitoris, vagin, utérus, toute sa matrice est en feu. Elle est humide. Approchant sa bouche du sexe de pierre, elle croit percevoir le battement du sang dans les veines et le membre qui se tend sous l’effet de ses lèvres. Comme si la pierre réagissait à la caresse de chair. La pierre a le goût et l’odeur du désir. Dans sa bouche Bettina accueille les premières sécrétions.
Nako entre. Elle retire prestement sa main. Et c’est la bouche humide, l’entrecuisse mouillé et toute nimbée des odeurs des corps désirants qu’elle reprend la pose avec des images dans la tête, un sexe brûlant dans sa main, des poses érotiques, des convoitises dans son ventre et dans sa bouche. Ses yeux croisent le regard de la statue. Ils se parlent. Le regard est doux, rempli de désir et d’admiration. Il est beau. Elle le veut. Il sera si facile de le quitter ensuite ! Lui comme les autres.
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Pas très fan de cette écriture ; en revanche, j’ai été beaucoup plus sensible à l’extrait de Jon Blackfox présenté plus tôt…