Apéro littéraire érotique, délicieuse institution qui a lieu un mercredi sur deux, dirigée par la non moins délicieuse Flore Cerise.
Je m’y suis rendue la semaine dernière, alléchée par le thème : les contes de fées. Etienne Liebig en était l’invité d’honneur : il vient de publier les Contes de Mémé lubrique aux éditions de la Musardine et nous en a parlé avec humour.
Confession : j’adore les contes. J’ai donc tenté de battre Clarissa Rivière aux jeux des questions, mais la belle a été plus forte que moi. Nous avons toutes les deux eu l’air d’insupportables premières de classe, tout à fait dans le genre d’Hermione Granger (oui, je suis très forte en Harry Potter aussi. Que voulez-vous, je ne peux pas passer ma vie à lire de l’érotisme).
Est ensuite arrivée la fameuse étape de l’atelier d’écriture. Nous avons dû, Daniel Nguyen et moi, concocter un récit autour de deux personnages : Barbe Bleue et Pinocchio. Je dois vous avouer que nous nous sommes laissés aller aux divagations les plus insensées, vous pouvez les lire ci-dessous.
La gagnante fut une bien jolie Blanche Neige qui, lassée des sept nains, a découvert les plaisirs saphiques auprès de Raiponce. Nous avons bien ri…
Barbe Bleue et la grosse canne de bois
Il était une fois un homme à la barbe bleue. Après avoir tué ses épouses, il se mit à s’ennuyer. Il maigrissait beaucoup ; il avait faim. Manger de la femme l’avait habitué à faire bonne chair. Il avait grande envie de bouffer !
Pour se changer les idées, il décida de transformer la porte interdite en enfant. Une scie, deux clous, quelques ficelles, le tour était joué ! La salive fut la colle. Il lécha, suça : ce fut Pinocchio. Pour donner vie à son enfant de bois, il implora la fée bleue, lui souleva la jupe, lui suçota la chevillote, et elle donna vie au petit Pinocchio.
Pinocchio et son cher papa sillonnèrent les routes en quête d’aventures. Ils allèrent par monts et par vaux jusque à parvenir dans l’antiquité de la Grèce. Barbe Bleue, soucieux d’échapper à la justice, avait pris le pseudonyme de Gepetto. Et c’est ainsi qu’au crépuscule, ils rencontrèrent une femme ailée. Elle avait des pattes de lion et une sacrée paire de nichons.
– Si vous voulez passer, il faudra résoudre une énigme, prévint la sphynge. sinon, je vous mangerai !
– Je suis très fort en énigme, répliqua Pinocchio.
Son nez se mit à grossir étrangement. Gepetto Barbe Bleue, qui était affamé, cassa l’appendice et le croqua.
– C’est sale, ça ! s’exclama la sphynge.
– Mais non ! s’écria Pinocchio.
Le nez grossit encore. Ravi, Gepetto croqua le morceau si galamment offert.
– Non, mais, arrêtez, je n’ai même pas encore posé mon énigme ! La voilà : qui a trois pattes le matin, trois pattes le midi, trois pattes le soir ?
– Je sais ! répondit Pinocchio.
Son nez grandit démesurément. Gepetto Barbe Bleue cassa l’excédent de chair et entreprit de le suçer lentement pour mieux le déguster.
– Un chien à trois pattes !
Las, ce n’était pas la réponse attendue. Pinocchio fut dévoré. Sans attendre, la sphynge se jeta sur Gepetto et attaqua son pied.
– Mais non, je sais la réponse, s’écria-t-il. Un homme qui a tué sa femme sans prendre le temps de la baiser. Érection du matin, érection du midi, et là il me faudrait une canne.
Sur ces mots, il engloutit la sphynge.
Il s’en fut seul ; le nez de Pinocchio lui servit de canne.
Moralité : si l’on ne veut pas vieillir seul, il vaut mieux déguster ses amis petit à petit !
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