Olivia a quatorze ans quand elle rencontre Nick. Celui qui va devenir son beau-père et habiter ses rêves. Quand il la regarde, elle a l’impression qu’il la déshabille. Il est beau, photographe, et semble par moments complètement dépourvue de morale. Qui est vraiment Nick ? Un loup aux dents longues, un vrai salaud, un homme incapable d’exprimer ses sentiments autrement que par les mains ? C’est la question qu’on se pose avec Lia tout au long de ce roman terriblement troublant, foutrement érotique, sans jamais avoir de réponse.
Daddy’s Girl, de Janet Inglis, est à certains égards une véritable tragédie, qui ne trouve sa résolution – forcément partielle – que dans sa suite, Father of Lies, qui n’a pas été traduite. Trop scandaleuse ? L’écrivaine repousse les limites de la morale, poussant ses lecteurs à s’interroger en permanence. Ses personnages sont merveilleux d’ambiguïté, jamais prévisibles, au point de sembler réels. Un récit à la fois sombre et lumineux, débordant de sensualité, qui me hantera longtemps.
Les deux romans mériteraient d’être réédités ; en attendant, on peut les trouver d’occasion sur Amazon, ici pour la traduction de Daddy’s Girl, ici pour Father of Lies, si vous lisez l’anglais.
L’amour de Nick, quelle idée ! Une horrible douleur la transperça de part en part, comme quand elle tombait du ciel dans ses rêves et que la pression de la chute était si forte qu’elle se sentait exploser.
Quand il l’avait tenue dans ses bras, qu’il l’avait embrassée, un bien-être étrange, oublié depuis des années, l’avait envahie, semblable à celui que lui procurait la chaleur des étoiles dans ses rêves : même sentiment de sécurité, même conviction que tout allait s’arranger.
Plus tard, quand il l’avait regardée de ses yeux bleus et froids, toute cette chaleur l’avait quittée. Il ne l’aimait pas, il la haïssait.
Elle le dégoûtait. Elle l’avait lu dans ses yeux.