Mercredi dernier, j’ai participé aux écrits polissons de Flore Cherry. Le thème était « secrets de filles » et l’invitée d’honneur Octavie Delvaux, qui nous a lu un passage très drôle de Sex in the kitchen. Je ne révèlerai pas le secret de l’auteure, mais il vaut le détour !
Comme d’habitude, nous avons dû rédiger une nouvelle à plusieurs. Le texte devait commencer par un secret, en l’occurrence, le mien. Le passage des lectures, très réussi, nous a ensuite beaucoup fait rire. Par chance notre récit est arrivé deuxième, derrière une histoire de petite culotte de Superman hilarante.
Voici donc le texte que nous avons concocté :
Parfois, quand je me déshabille, j’imagine un satyre qui m’épie ; ça me fait fantasmer.
Ma veste tombe. Je n’ai pas fait attention, je l’ai enlevée sans y penser. Et là dans le miroir, un éclat attire mon regard.
Un homme est là. Il m’observe, il m’épie depuis l’immeuble d’en face. Pour moi, rien que pour moi, il a acheté une lunette astronomique.
Je suis une étoile.
Très lentement, je déboutonne mon chemisier. Le soutien-gorge de dentelle noire se révèle dans l’échancrure. Je l’imagine.
Un blond, je suis sûre qu’il est blond. Torse nu. James Bond qui émerge des vagues. En pleine érection, parce qu’il me regarde, moi.
Le soutien-gorge est tombé par terre, la lunette astronomique est suspendue à mes gestes.
Bientôt, il va voir la lune.
Je me retourne. Lascivement, je me déhanche. Une fille des îles, peau brune face à mon surfeur blond. La jupe se froisse à mes pieds, dévoilant les bas couture et le tanga.
Il a chaud, mon beau blondinet. Derrière la lunette, il se branle à pleines mains. Il va gicler si loin que j’en aurai jusque sur les seins. Il n’est pas chaud, il est bouillant, l’éclat de son soleil m’éblouit dans le miroir.
Je m’offre nue, complètement nue.
Et là, je veux le voir. Avant de glisser un doigt dans ma chatte, je veux connaître son visage, son corps, l’observer derrière la grande baie vitrée.
Un éclair m’illumine tout à coup. Mais oui, oh oui !
Mes lunettes de safari ! Je m’en empare, elles sont dans le tiroir.
J’en profite pour me cambrer, exhiber mon cul délicieusement rond.
Dans le miroir, je cherche le reflet, cuisses écartées, brûlante d’excitation. Il me faut un moment pour le découvrir : l’immeuble d’en face est devenu un immense puzzle dans lequel se perd l’éclat de mon voyeur. Enfin, il m’éblouit ! Un gémissement m’échappe, mon chéri blond, je vais enfin le voir, il est flou, mais bientôt tout à moi.
Je mets au point.
Elle est là.
Appuyée sur son déambulateur, elle ressemble à ma grand-mère. A ses pieds, un persan disparaissant dans ses poils et un caniche parfaitement taillé. Il bave abondamment.
Ah, ça la fait bicher, la vieille, elle aime ça ! C’est décidé, je n’achèterai pas de rideaux.
La morale – pas de cette histoire de satyre, mais du contexte qui l’entoure – n’est-elle pas qu’aux ateliers de Flore, l’humour est fédérateur (peut-être qu’il nous rend plus à l’aise avec l’expression publique de nos penchants pour l’érotisme) ?
Oui, je pense que c’est assez vrai, les textes qui font rire sont souvent très appréciés… C’est une réaction peut-être plus facile à susciter en public.