La semaine dernière est paru aux éditions L’ivre-Book le premier recueil que j’ai eu la joie de diriger. Ce fut un plaisir de lire les textes envoyés, de les choisir, de proposer des corrections… 10 nouvelles ont été élues, déclinant le masque sous toutes ses coutures – ainsi que l’érotisme bien sûr. La couverture est merveilleusement illustrée par Denis Verlaine.
La première nouvelle, « Cavalier », est de Clarissa Rivière et nous entraîne dans un château, un bal costumé.
« Je réalise avec effarement ce qui s’est passé, je ne danse pas avec mon chéri ! Je lève les yeux et retiens une exclamation en découvrant un inconnu, aussi grand que Sylvain, mais brun, le regard noir derrière son masque de cuir. »
« Ma meilleure amie » d’Eléanore Etcetera met en scène un rendez-vous masqué dans une chambre d’hôtel.
« Romain, lui rêvait d’être contacté par une belle inconnue qui l’inviterait à passer une heure de sexe torride à l’hôtel. Je me souviens encore de mon émotion en l’entendant, de mon esprit s’évadant à l’idée d’être cette inconnue, pendant que mon cœur battait plus fort. »
Dans « La douleur exquise » de Marlène Jones, Nathan, chanteur de rock, se laisse séduire par une beau danseur.
« Kate Moss au masculin » : ainsi l’a surnommé un journaliste à qui il a taillé une pipe après une interview un peu compliquée : le type le détestait. Mais l’attirance magnétique qu’il exerce sur… à peu près tout le monde, humain, animal et végétal (même les plantes le draguent : elles restent en vie sans qu’il s’en occupe), avait fait son effet et il s’était retrouvé à genoux devant le type, en pleine salle de presse pendant que le rédacteur en chef tentait de tenir une réunion à côté. »
François-Xavier Demontval a écrit la quatrième nouvelle, dans laquelle un kiné est tourmenté par une demoiselle masquée.
« Déjà surpris par le masque, je m’attendais encore moins à être accueilli par des seins superbes en me retournant. Mademoiselle prend ma demande au pied de la lettre et se tient là, nue à l’exception d’un string minuscule et de ce masque sur le visage. Une poitrine magistrale, des seins parfaits, lourds et rebondis. Difficile de lever les yeux. »
« On s’était dit » de Stéphie raconte les retrouvailles masquées d’anciens camarades de lycée.
« Je faisais semblant de m’intéresser aux conversations des unes et des autres mais, depuis une vingtaine de minutes déjà, je n’avais d’yeux que pour le dernier arrivé. Qui pouvait bien se cacher derrière cette carrure imposante ? »
« Démasqué » par Anne-Sophie B. nous ramène au bal masqué, une belle indécente s’offre aux mains et aux regards.
« De cavalier en cavalier, elle les veut tous : sentir leur désir, les échauffer, les enflammer. Elle passe de Tarzan à Peter Pan, à un mousquetaire, un pirate… De corps en corps, de bras en bras, de main en main, elle tournoie, se love, se frotte, éveille, stimule les érections, les corps, se prête, encourage le pelotage. Certains sont timides, d’autres plus francs, avec un doigt qui se glisse dans la raie des fesses, explore sa fente. Elle se fait impudique et publique. »
« L’homme sous le masque » est une nouvelle historique de Jerk. Une jeune femme vient distraire un prisonnier masqué… de sang royal.
« Joséphine s’approche de moi. Debout, je lui rends une demi-tête. Elle vient poser son front sur ma mâchoire d’acier. La chaleur de sa peau se diffuse lentement au travers du métal pour gagner mes lèvres. Ses mains se posent sur mes épaules et je sens sa bouche descendre. »
« Le bal du Doge » de Frédérique Gabert nous transporte à Venise.
« Lorsqu’elle se redressa, la corolle damassée de sa jupe écarlate se déploya autour de ses jambes. Du haut de son mètre quatre-vingt, elle dominait les valets qui reculèrent sans même lui demander son précieux sésame, impressionnés par sa majesté naturelle. Les douces rondeurs de ses seins menus, compressés par le corset semé de fils d’or, s’offraient à la froidure de ce mois de février. Elle s’avança, élégante, intemporelle, et les portes bardées de fer s’ouvrirent devant elle. »
Puis, avec « Bacchante » de Jennie G., nous voici à Athènes, face à une scène théâtrale.
« Les yeux ronds du masque étaient posés sur moi, me fixaient, ses lèvres peintes et entrouvertes m’inquiétaient par leur sourire en forme de promesse – mais promesse de quoi ? de douceur ou de cruauté ? – et cette voix inhumaine venait me retourner. »
Enfin, Alexandrine d’Aumale, en hommage à Oscar Wilde, a inventé un fascinant personnage dans « Le masque de Darian Grail ».
« – Ses mains sur le vélin de votre chair graveront le plus beau des poèmes ; lui ne vous parlera pas, ou si peu que vous entendrez juste vos soupirs et vos envies « d’encore ».
– Mais je ne saurai… il devinera mon inexpérience.
– Qu’il balaiera d’un revers de main. Vous vous laisserez aller à lui sans retenue, explorerez chaque recoin de son être, vous offrirez sans y avoir même pensé.
– Et quand le jour se lèvera, vous reposerez sur une couche aux mille délices, resterez étonnée de vos impudeurs mais la mémoire de cette nuit demeurera dans votre chair, indélébile.
– Vous aurez avalé la lumière, Adèle. »
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