J’ai hésité à écrire cet article aujourd’hui. Parce que Trump a été élu, parce que je trouve que c’est triste, parce que ça ne me donne pas envie d’être futile. Et pourtant. Plus que jamais, j’ai envie de revendiquer le droit d’écrire des cochonneries. Avec des femmes fortes, avec des hommes libres. Des hétéros, des lesbiennes. Des blancs, des noirs. Qui s’aiment. Sans mur.
J’ai baptisé le recueil Des Filles dénudées en hommages à une chanson de Souchon, Les filles électriques. 13 textes érotiques, 12 nouvelles et un poème, publiés aux éditions du 38. Certaines nouvelles sont déjà parues dans des recueils de la collection Paulette ; six sont inédites. Je vais en évoquer quelques unes et vous livrer des extraits. Pour le plaisir.
« Léanore, encore » est la suite d’une nouvelle que j’ai publiée ici sur mon blog et qui ouvre le recueil. On y découvre une jeune fille qui se promène dans le parc Montsouris sans petite culotte. Dans le récit qui suit, elle sera nue, complètement nue, pour se baigner.
Tantôt elle plongeait dans les profondeurs, tantôt elle revenait vers la rive, offrant ses seins et ses épaules aux rayons du soleil, ses longs cheveux flottant derrière elle comme des algues. Elle s’était habituée à la fraîcheur de l’eau, elle n’y songeait plus à présent, elle s’abandonnait au bleu du ciel, au vert de l’eau et aux ailes brillantes des demoiselles.
Et si quelqu’un l’avait surprise, là, nue dans l’étang ? N’était-ce pas le sujet d’un mythe ? Diane, déesse de la chasse, se baignant avec ses nymphes, surprise par un chasseur… Comment l’avait-elle puni, déjà ? Ah, oui, elle l’avait fait dévorer par ses propres chiens… Effroyable. Léanore ne put réprimer un frisson. Si on la voyait, elle n’en ferait pas toute une affaire. Peut-être même que ce serait amusant…
La nouvelle « Démoniaque » est inspirée d’une virée entre amies au magasin Dèmonia. J’en ai parlé sur mon blog, dans cet article. Nous y avons fait une séance photo qui a d’ailleurs donné sa couverture au recueil. Merci au photographe, Miguel ! Naturellement, dans mon récit, j’ai laissé libre cours à mes fantasmes.
– Vous êtes prête ?
Sans attendre ma réponse, elle a ouvert le rideau ; je n’ai eu que le temps de tirer sur ma jupe pour m’assurer qu’elle couvre tout. Alors, j’ai levé les yeux et je l’ai vue.
Elle portait une longue robe de dentelle noire qui moulait parfaitement ses seins, son ventre et ses hanches. Dessous, elle était nue. Je distinguais clairement ses tétons, son sexe épilé. Un frisson m’a parcourue, un frisson de désir ? Je n’avais jamais été attirée par une femme.
– Tu devrais enlever le soutien-gorge, ce serait plus joli.
Je n’ai pas pu lui dire non. Après tout, elle ne cachait rien de son anatomie, elle. Et puis, une envie étrange me prenait, celle de lui obéir, quoi qu’elle demande. Sans prendre la peine de refermer le rideau, j’ai baissé le haut de voile, dégrafé mon soutien-gorge. Elle ne m’a pas quittée des yeux tandis que je dénudais ma poitrine. J’ai rapidement remis en place le voile, mais il ne cachait rien, c’était presque pire.
Enfin, un mot sur « Passion linguistique ». Cette nouvelle m’a été inspirée par… les oraux du bac. Un jour de forte chaleur où j’ai fait passer un candidat qui m’a troublée par sa beauté androgyne. Il était d’ailleurs particulièrement éloquent. Dans la vraie vie, je me suis contentée de le regarder, de l’écouter, et de me poser des questions existentielles sur sa note. Dans la nouvelle, mes personnages vont bien plus loin. J’ai tout de même modifié le contexte, parce que le bac, c’est sacré. Il s’agit donc d’un oral de fin d’année, qui met en scène un jeune étudiant et sa professeure.
Il hésita un instant, cita un exemple, tenta de l’analyser, perpétra un nouveau crime grammatical. Elle rongea son frein, gardant les yeux obstinément fixés sur son carnet de notes, griffonnant quelques mots. Une dernière absurdité la fit frémir. Il le faisait exprès, ce n’était pas possible !
– Mais qu’est-ce qui se passe, François, vous n’avez pas révisé ?
Elle releva la tête, se perdit dans l’eau claire de son regard.
– Je ne peux pas, Madame, je n’arrive même plus à prendre de notes pendant vos cours, je ne peux pas me concentrer, c’est vous, vous me troublez.
La colère la gagnait. La colère… et autre chose peut-être.
– C’est de ma faute, maintenant ?
– Je vous aime.
Et voilà, il l’avait dit. Trois petits mots irréparables. Elle ne pourrait plus jamais le reluquer impunément. Piquée au vif, elle jeta son stylo sur le bureau.
– Je suis ta prof, tu ne peux pas me parler comme ça.
– Je sais. Je ferai tout ce que vous voulez, Madame.
Tout ? Vraiment tout ? On allait voir ça, songea-t-elle, fulminant.
– Enlève ton tee-shirt, jeta-t-elle.
Il la fixa un instant, bouche bée. Venait-elle vraiment de dire ça ? Charlène se mordit la lèvre, souhaitant désespérément pouvoir rattraper l’ordre qui lui avait échappé. Il était déjà trop tard. Sans la quitter des yeux, il avait saisi son tee-shirt des deux mains, il l’enleva d’un geste souple. Elle contempla son torse imberbe, son ventre plat, musclé, avec le besoin violent de toucher cette peau qu’elle devinait jeune encore, intacte, douce. Timide, il avança une main sur le bureau, tentant de traverser l’espace qui les séparait.
– Enlève tout, commanda-t-elle.
J’espère vous avoir mis l’eau à la bouche ! Si c’est le cas, vous pouvez acheter le recueil pour 2,99 euros, ici sur Numilog, ou ici sur Amazon.