Fées, charmes et bêtes de sexe, c’est le titre que je voulais donner, à l’origine, au recueil de 7 nouvelles qui vient de paraître aux éditions L’ivre-Book. Je me suis finalement décidée pour un titre plus court, Charmes, qui m’exposera moins aux foudres de la censure du géant Amazon. J’ai toutefois gardé cette idée de bestialité dans le sous-titre, Les belles et la bête : j’y tenais. Un grand merci à Denis Verlaine pour la très belle aquarelle de la couverture !
A travers ces contes, j’ai tenté d’explorer la monstruosité sous toutes ses formes, humaines ou chimériques. J’aime les fées, les vampires et les sirènes ; j’ai adoré les déshabiller. Dans cet univers mi-réel, mi-surnaturel, la sexualité devient parfois étrange, effrayante. Je dois confesser y avoir goûté un plaisir intense.
J’ai écrit ces récits il y a quelques années déjà, et je les trouve, dans l’ensemble, assez réussis (ça ne fait sûrement pas très modeste, mais bon, au moins je suis honnête). En fait, je les trouve peut-être plus aboutis que mes romans, comme si la brièveté me permettait d’accéder à une forme d’achèvement qui m’échappe toujours dans les projets plus longs. C’est à la fois satisfaisant et frustrant (parce que, quand même, je bosse beaucoup sur mes romans). Je me demande si je suis la seule à avoir cette impression, parmi mes amis auteurs ?
Si vous voulez vous faire une idée, vous pouvez commander le recueil ici sur le site de L’ivre-Book ou ici sur Amazon, pour 1, 99 euros.
Et, pour votre sombre plaisir, un extrait du conte « Le nom mystérieux »…
La première fois, elle crut que ce n’était qu’un rêve.
Elle s’était endormie tard, ce soir-là. Trop de solitude. Elle avait ruminé longtemps le gris de ses pensées. Sans doute cette angoisse qui l’accaparait joua-t-elle son rôle dans les événements à venir : ce fut comme une porte ouverte dans son sommeil, une place offerte à qui voudrait la prendre.
Elle s’était endormie tard, ce soir-là. La chambre était plongée dans une obscurité que trouait un rayon lumineux, un seul, venu de la fente entre les volets. Était-ce une offrande de la lune, un éclat de lampadaire ? Toujours est-il qu’on distinguait vaguement le visage de l’endormie, sa bouche entrouverte, la courbe laiteuse de son épaule. Une bretelle avait glissé sur son bras, et un sein était partiellement dénudé. Elle se tourna dans son sommeil, son corps s’arqua un instant, et il y eut, sur ses lèvres, comme un soupir, un mot qui aurait voulu naître, mais qu’on ne pouvait pas comprendre.
Elle rêvait. Quelque chose l’avait effleurée. C’était comme une caresse, lisse et douce sur sa peau, un peu froide aussi. Elle frissonna, son corps se tendit, mais elle ne se réveilla pas. Le tentacule glissa sur la soie de sa nuisette, s’immisçant sous les draps, jusqu’à rejoindre la peau nue de sa cuisse.
Si tout cela avait été réel, elle ne se serait pas abandonnée. Mais ce n’était qu’un rêve, et la caresse s’était faite tiède, lente et tendre. Elle écarta les jambes pour la laisser poursuivre, et sa respiration s’échoua en un soupir. Sans se presser, le tentacule s’enroulait sur sa cuisse, étreignait sa jambe de sa caresse ventousée, s’approchait des lèvres ouvertes de son sexe. Quand il se nicha enfin sur les chairs mouillées, l’endormie eut un gémissement. Ça glissait en elle, elle était pénétrée, remplie, et déjà un autre tentacule parcourait son corps, repoussait la soie de la nuisette pour mettre à nu le sein dressé, pour l’entourer et le presser. Puis ce fut un troisième ; il dessina des arabesques sur son corps et s’insinua entre ses fesses. Pénétrée de toute part, la rêveuse se cambra, gémit, agrippa les draps de ses doigts. Il était là, au-dessus d’elle, ses grandes ailes déployées, il la regardait, il plongeait en elle, il s’enfouissait de tous côtés, et elle était à lui, sa créature, sa chose. Il accéléra son étreinte, s’enfonça au plus loin d’elle, et, dépossédée, elle se tordit dans un dernier sursaut.
Le nom mystérieux éclata sur ses lèvres