Quand on écrit à la première personne, il y a une possibilité qui me fascine toujours : ne pas donner de genre à son récit. Ce n’est pas facile, il faut éviter les accords, se méfier des adjectifs, mais c’est possible, surtout si le texte n’est pas très long. Un genre de contrainte oulipienne, en somme !
Parfois même, on rencontre sur les réseaux un auteur dont le nom ambigu et les accords épicènes donnent à penser : j’ai nommé Noann Lyne, qui entretient savamment le mystère. Homme ou femme ?
Si l’on veut écrire une scène érotique, l’exercice se complique encore. Pour taire le sexe de notre personnage, il faut zapper les seins, oublier le phallus. Heureusement, le sexe comme le cul est universel !
Mais alors, pourquoi se lancer dans ce difficile exercice ? Parce qu’il me semble que si les corps sont masculins ou féminins (à l’exception notable des androgynes et des trans), les sentiments, eux, n’ont pas de genre. Je ne me reconnais pas dans les différences que l’on dresse entre les hommes et les femmes. Les femmes seraient plus sentimentales, les hommes plus portés sur le sexe… Ce sont des clichés qu’il faut à mon sens dépasser.
D’où l’idée d’écrire une nouvelle sans genre, pour souligner l’universalité du sentiment. Je l’ai fait dans un de mes récits de la collection « Osez 20 histoires ». Ce qui est intéressant, c’est qu’il est assez difficile pour le lecteur de s’en rendre compte. Nous avons tellement l’habitude de schémas établis que nous supposons automatiquement le sexe du personnage principal… Je me demande si quelqu’un a repéré cette ambiguïté ? Si vous avez lu plusieurs recueils de la collection, savez-vous de quelle nouvelle je parle ?
Petite précision : la photo que j’ai choisie pour illustrer mon article n’est pas un indice, je n’ai pas écrit dans ce recueil-là…
C’est l’un de mes fantasmes d’auteur, tiens, de parvenir à écrire une histoire sans genre, ainsi. C’était l’une de mes envies pour un roman de SF qui fait partie de mes projets : j’aurais aimé écrire un personnage qu’on aurait pu imaginer dans un sexe, pour surprendre le lecteur en apprenant plus tard qu’il était de l’autre, mais c’est trop dur : la langue française ne le permet pas (ou, du moins, courage pour le faire sur un roman), Je suis donc d’autant plus admirative sur le fait que tu l’aies fait sur un texte érotique. Chapeau ! Je suis très curieuse de savoir dans quel recueil, maintenant.
Tu devrais lire « L’amour nous rend liquides », ça t’intéressera aussi…
Ah, j’avais écrit un texte sans mention de genre, aussi – bon, plus introspectif qu’érotique – et parmi les gens à qui je l’ai fait rire beaucoup ont réagi en me disant « il » ou « elle » en parlant de mon personnage, d’une façon qui montrait qu’ils ne s’étaient jamais posé la question du genre.
Expérience intéressante, en effet.
Ah, je ne suis pas seule à faire des expériences sur les lecteurs !
Écrire a la première personne c est décrire l intériorité des sensations..
un histoire sans genre .. sans doute un très bon genre