Sous les palmiers, le désir

Illustration de Pyridine

C’était notre voyage de noce.

J’aurais dû avoir honte, mais il n’en a rien été. C’était plus fort que moi.

On était au bord de la piscine, les doigts de pieds en éventail, la tête dans les palmiers. Tous les deux, main dans la main. Amoureux.

C’est là que je l’ai vue. Blonde, de l’eau jusqu’à mi-cuisses, le bikini à rayures, le pli entre les seins. Avec cet air d’innocence que venaient démentir les courbes de pin-up.

Il y avait longtemps qu’aucune fille ne m’avait fait cet effet-là.

Je l’ai regardée entre mes paupières à demi-closes. Elle s’enfonçait dans le bassin à présent, les mèches éparses autour d’elle, les gestes gracieux. Sa peau ruisselait d’eau. Des picotements ont parcouru mon ventre. J’avais envie de la rejoindre. Oublier tout le reste, oublier mon mariage, me glisser dans l’eau à sa suite. L’enlacer par derrière, et, d’un geste tranquille, défaire le nœud fragile qui retenait son maillot. La mettre à nu, la revendiquer. J’aurais pu la baiser, dans cette piscine, au vu et au su de tous.

J’avais dû serrer un peu fort la main qui était dans la mienne.

– Ça ne va pas, mon cœur ?

– Un peu de fatigue… Si on montait faire une petite sieste ?

Il m’a regardée, un sourire au coin des lèvres, les yeux gourmands, et j’ai achevé de me liquéfier.

Ce récit a été inspiré par le dessin de Pyridine.