La première fois que j’ai compris qu’une fessée pouvait être érotique, c’était en lisant Rousseau. Il s’agissait d’un des textes que nous préparions pour le bac (je rends grâce à ma prof de français). L’extrait est tiré des bien nommées Confessions ; le jeune Jean-Jacques, encore enfant, y découvre les plaisirs interdits :
Comme Mlle Lambercier avait pour nous l’affection d’une mère, elle en avait aussi l’autorité, et la portait quelquefois jusqu’à nous infliger la punition des enfants quand nous l’avions méritée. Assez longtemps elle s’en tint à la menace, et cette menace d’un châtiment tout nouveau pour moi me semblait très effrayante ; mais après l’exécution, je la trouvai moins terrible à l’épreuve que l’attente ne l’avait été, et ce qu’il y a de plus bizarre est que ce châtiment m’affectionna davantage encore à celle qui me l’avait imposé. Il fallait même toute la vérité de cette affection et toute ma douceur naturelle pour m’empêcher de chercher le retour du même traitement en le méritant ; car j’avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m’avait laissé plus de désir que de crainte de l’éprouver derechef par la même main.
Je dois dire que ce texte m’avait surprise et passionnée ; il est restée gravée dans ma mémoire, au point que je connais toujours les premières lignes par cœur, de même que le passage où Mlle Lambercier s’aperçoit « à quelque signe que ce châtiment n’allait pas à son but. » Ce texte est une petite merveille, mélange de sous-entendus érotiques et d’aveu explicite, et sa lecture a peut-être eu une influence sur l’auteure que je suis devenue…
Si bien qu’aujourd’hui, date où paraît le recueil A toute volée auquel j’ai participé, j’ai une pensée pour Rousseau. L’illustration de couverture est de Denis Verlaine, et je la trouve très belle (décidément, les fesses de cette blonde sont bien tentantes). Vous pourrez y lire une douzaine de nouvelles, de Miss Kat, Ysalis K.S, Clarissa Rivière, Erik Torrent, Claire de la Chatlys, Jean-Baptiste Messier, Octavie Delvaux, Ondine d’Onatie et Aline Tosca.
Il y en a pour tous les goûts : des demoiselles punies, des jeunes femmes féroces (j’adore quand la douce Clarissa montre les dents), des fessées sévères, des fessées bucoliques. J’ai un faible pour ces dernières, je trouve que le cadre verdoyant se prête particulièrement à ce châtiment. Ce doit être l’influence de Rousseau sur moi : il aimait tant la nature !
Vous pouvez acheter le recueil numérique ici, pour 2, 49 euros.