Manara-declicJe vous parlais l’autre jour de chandelle, et, par association d’idées, je me suis rappelée une célèbre scène du Déclic de Manara, scène au cours de laquelle l’héroïne Claudia se plante une bougie – et, au passage, un diamant – dans le trou du cul.

Ce qui m’amène à discuter ici cette énigme : pourquoi Milo Manara est-il à ce point obsédé par le cul ? Précisons : par le cul, et non par le sexe ?

Car si les scènes de sodomies sont fréquentes dans ses albums, le vagin est le grand oublié du dessinateur : parfois représenté, jamais pénétré. Même quand elles se masturbent, ces dames se caressent le clitoris et l’anus, mais négligent tout ce qui se trouve entre les deux.

Je suis depuis longtemps intriguée par cette question et vous propose en vrac quelques explications :

Désir de braver l’interdit ? Refus des conventions ? Fantasme d’androgynie ?

La volonté de proposer un moyen de contraception d’une efficacité à toute épreuve ?

Quoi qu’il en soit, la lecture du Déclic reste un plaisir. Le dessin est très beau, le scénario simple mais efficace. Rappelons le principe : le docteur Fez a inventé un outil machiavélique, une petite télécommande qui permet d’activer une puce implantée dans le cerveau de Claudia, jeune bourgeoise coincée aux cheveux parfaitement lissés et à l’époux vieillissant. Celle-ci se transforme alors en créature assoiffée de sexe, prête à tout pour se faire tringler.

Claudia est une héroïne fascinante, admirablement dessinée, mise en valeur par la laideur des hommes qui l’entourent. C’est un peu la belle et la bête qui se joue sous nos yeux, et bien sûr, ce qui est intéressant, c’est que Claudia tient des deux.

Les deux premiers tomes sont très réussis, même si l’histoire est parfois décousue ; certaines scènes sont restées dans les mémoires, notamment le début et la fin de ces deux albums. Par contre, à partir du troisième tome, le déclic ne se fait plus : trop d’incohérences, peu de scènes érotiques vraiment excitantes à mon sens.

Il y a toujours, en filigrane, cette question qui parcourt les albums : le désir irrépressible qui naît chez Claudia vient-il vraiment de l’appareil ? Ne provient-il pas plutôt du subconscient de la femme libérant enfin ses pulsions ?

Chez Manara, le désir de jouir est sacré, et c’est aussi pour ça qu’on aime le lire.

One Thought on “Milo Manara et le vagin perdu

  1. Pingback: Un petit tour de Manara | Julie Derussy

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