Ma nouvelle romance commence par une scène de drague un peu particulière, dont je ne conseille pas spécialement la technique… Le garçon, Julien, propose à la jeune fille, Théa, de lui montrer ses seins. Et, un peu plus tard dans la soirée, eh bien, elle le fait.
Je vous entends déjà protester. Ce n’est pas réaliste. Oui mais voilà, comme c’est moi l’autrice, j’ai mis en place toute une stratégie pour donner vie à cette scène née de ma fertile imagination. Je vais vous expliquer, mais tout d’abord, présentons un peu nos personnages : ils ont dix-huit ans et sont sur le point de passer le baccalauréat. Théa est avec Christophe, mais elle voudrait rompre car elle ne supporte plus son insistance pour coucher avec elle. Quant à Julien, il est dans la même classe, et ses regards ont tendance à la troubler. C’est à l’occasion d’une soirée que se déroule le dialogue dont je vous ai parlé.
– Tu me tiens compagnie ? me demande-t-il.
Je hausse les épaules.
– Pourquoi pas…
– Dis-moi, Théa, je peux te poser une question ?
– Tu viens de le faire, non ?
Il me lance de nouveau ce sourire qui n’en est pas tout fait un.
– Pourquoi portes-tu toujours des T-shirts trop grands, ces temps-ci ?
Je me renfrogne. Perrine m’a fait la même remarque, mais c’est ma meilleure amie, elle a le droit. La réponse est simple : il s’agit d’une vaine tentative pour refréner les ardeurs de mon copain.
– Qu’est-ce que ça peut te faire ?
Aussitôt, je regrette d’avoir été si brusque. S’il se mêlait de ses affaires, aussi…
– En fait, j’ai une hypothèse, déclare-t-il.
J’hésite à l’envoyer paître, mais quelque chose me retient. Ses beaux yeux sûrement. Je suis ridicule.
– Tu as les plus beaux seins du monde, et tu essaies de les cacher au reste de l’humanité.
J’éclate de rire, un peu gênée. Je sens que mes joues sont en surchauffe, elles doivent être cramoisies.
– Tu dis vraiment n’importe quoi.
– Je suis sûr que non. Si tu veux, tu peux me les montrer, je te dirai ce que j’en pense. Je te promets d’être objectif.
– Dans tes rêves !
Il ne semble pas vexé, et me sourit de nouveau. Un vrai sourire cette fois, qui éclaire tout son visage. Il est beaucoup trop beau comme ça.
Je lui tourne le dos, préférant m’éloigner. Les mecs… Ils ne pensent qu’à ça, tous.
Je reviens auprès de Perrine, bien décidée à m’amuser.
Hop, voilà notre première scène qui vient de jouer. Suite à ce moment, Théa se dispute avec son copain. Il lance un ultimatum : c’est ce soir ou jamais. Jamais, rétorque-t-elle, avant de retourner auprès de sa meilleure amie pour danser… et boire.
Lorsque je me redresse, je croise de nouveau le regard de Julien. Ada lui parle toujours, mais c’est sur moi que ses yeux sont fixés. J’en ressens une étrange satisfaction.
Je me souviens du début de l’année. Dès la rentrée, j’ai eu conscience de l’intensité inhabituelle avec laquelle il m’observait. Je me suis demandé s’il me draguait. C’était avant que je sorte avec Christophe. Christophe, avec qui tout était tellement plus facile. Christophe, qui est sociable, s’entend avec tout le monde et me faisait rire. Christophe, qui danse de plus en plus collé serré avec Céline.
Un peu trop sociable, peut-être. Je ne peux retenir un soupir.
Prenant ma main, Perrine m’entraîne dans un rock endiablé. (…) Elle me fait virevolter, et je me retrouve dos à elle, serrée contre son corps. Elle m’enlace, et je laisse ma tête glisser sur son épaule. Au-dessus de nous, les spots balaient l’espace de leurs rayons colorés. Je voudrais me noyer dans l’ombre et la lumière. Les premières mesures d’un vieux tube des Beach Boys se font entendre, m’emplissant d’une joie mélancolique.
– Ça va, Théa ? On peut sortir, si tu veux ?
Dans la voix de Perrine, je perçois un peu d’inquiétude. J’acquiesce, la fraîcheur de la nuit me fera du bien. Et je ne veux plus les voir.
Elle me prend par l’épaule, m’entraînant vers les portes-fenêtres qui sont restées ouvertes pour aérer. Julien est toujours là, dans son coin. Regard brûlant, cigarette entre les lèvres. Ada n’est plus à ses côtés. Je lui souris.
Sans savoir pourquoi, je me retourne et jette un dernier coup d’œil dans le salon avant de sortir. Je me fige sur place. Ils sont toujours en train de danser. Mais pas seulement.
Dans la lumière violette, je vois leurs lèvres confondues. Mon copain est en train de galocher Céline ! La fureur monte en moi, violente. Dire que je voulais attendre, ne pas rompre tout de suite pour éviter de le déconcentrer avant ses examens, le pauvre chéri ! Officiellement, on est encore ensemble, que je sache. Une petite dispute, et ce connard roule des patins à une nana sous mon nez.
Parfait. Larguons les amarres.
Perrine a compris, elle n’essaie pas de me retenir. Je m’avance vers le couple tendrement enlacé. Les rayons des spots ont viré au rose. C’est tellement mignon, je suis désolée d’interrompre ça.
Je tapote l’épaule de mon copain pour lui rappeler ma présence.
– Je peux savoir ce que tu fabriques ?
J’ai parlé fort. J’ai vaguement conscience que plus personne ne danse, que tout le monde nous regarde, mais je m’en fous. Il a voulu faire ça en public ? On va faire ça en public.
En mode agressif, il me répond :
– Lâche-moi, Théa ! Je fais ce que je veux, non ? Tu m’as bien fait comprendre que tu ne voulais pas de moi. Qu’est-ce que ça peut te foutre ?
– Tu as raison, ça ne me fait strictement rien. Toi et moi, c’est fini, game over ! Avec un peu de chance, elle te laissera la baiser, elle ! Mais je te préviens, il ne faudra pas revenir me voir après.
Je pivote ensuite vers Céline, qui est toujours lovée dans les bras de celui qui est désormais mon ex. Elle a le bon goût de paraître gênée.
– Fais attention, il a les couilles tellement gonflées que ça pourrait bien t’exploser à la gueule. Bon courage, hein !
Et je tourne les talons, satisfaite. Perrine, morte de rire, se met à applaudir.
Dans l’ombre, je devine le sourire de Julien. Je me dirige vers lui.
Le silence est complet. Quelqu’un a-t-il coupé la musique pour mieux profiter du spectacle ? Ils ne vont pas être déçus.
J’approche ma main de sa bouche pour lui voler sa cigarette. Après l’avoir glissée entre mes lèvres, j’inspire profondément avant de recracher la fumée. Je me penche alors pour écraser le mégot dans le cendrier, puis affronte son regard.
Ses yeux clairs me brûlent de l’intérieur.
– Tu veux toujours voir mes seins ?
Ma question a sonné haut et fort dans le silence assourdissant. Je donnerais cher pour voir la tête de Chris.
Pourtant, je ne me retourne pas, je contemple Julien. Sourire élargi, presque prédateur, le regard plus incisif que jamais. Il n’a pas l’air étonné. Il hausse légèrement une épaule, avant de répondre d’une voix grave :
– Oui.
J’avoue que je me suis bien amusée en écrivant ces chapitres. Bien sûr, le titre ne renvoie pas uniquement aux seins de mon héroïne : c’est un roman initiatique, et pas seulement pour Théa, pour Julien également. Ils ont tout à apprendre l’un de l’autre…
Si vous êtes curieux, vous pouvez lire les premiers chapitres du livre (j’ai laissé l’ancien titre, Le goût des cerises) sur Wattpad, ici. Et si vous êtes déjà conquis, comme moi par Julien (oui, j’ai murmuré son nom, parfois, en filant sur mon vélo dans la campagne), vous pouvez acheter le livre numérique sur le site des éditions Harper Collins, ici, ou sur Amazon, ici. Je vous souhaite de tomber sous le charme !
Je pense à ce photographe qui dans la rue demandait systématiquement à des jeunes femmes sexy de lui exposer ses seins pour les prendre en photos et ça marchait pratiquement toujours!;