Négocier une étreinte

Je vous avais promis un extrait de mon récit, « La Demoiselle du lac », publié avec celui de Claris sa Rivière, « Pour l’amour de son roi », dans Légendes érotiques arthuriennes. Le voici donc !

Viviane et Merlin, profondément attirés l’un par l’autre, résistent pourtant, car ils se méfient l’un de l’autre… Quant à cette rose, délicatement dessinée, il s’agit d’une des illustrations de Tonino Della Bianca.

— Apprends-moi la magie, ordonna-t-elle.
— Si tu t’offres à moi, je t’apprendrai tout ce que tu voudras
— Non. D’abord la magie. Et je ne te donnerai pas ma virginité, répliqua-t-elle, boudeuse.
— Eh bien, négocions. Que veux-tu faire, et que m’accorderas-tu en échange ?
Viviane réfléchit un instant. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait demander. Elle regarda autour d’elle, cherchant l’inspiration.
— Je veux faire naître un rosier. Ici, près de mon lac.
Presque aussitôt, elle regretta. C’était trop facile. Après tout, n’aurait-elle pas pu planter le rosier, tout simplement ? Elle aurait dû demander autre chose, quelque chose d’impossible. La prochaine fois, elle réfléchirait davantage avant de formuler son souhait. En attendant, il fallait le faire languir le plus possible.
Merlin médita un instant avant de répliquer.
— En échange, je veux t’embrasser, déclara-t-il enfin.
Elle eut un soupir de soulagement. Ce n’était que ça ! Elle avait cru qu’il exigerait davantage.
— Entre les cuisses, ajouta-t-il. Si tu ne me donnes pas ta virginité, je veux au moins la goûter.
Le désir tordit le ventre de Viviane en même temps que le rouge montait à ses joues.
— Non.
Il la contempla, satisfait de la sentir troublée. Cette négociation l’amusait. Au fond, il le savait bien, tôt ou tard, il lui faudrait s’offrir.
— Alors, je veux te voir nue, nue devant moi.
C’était comme une torture, l’imaginer nue, offerte, sans pouvoir la toucher, et il ne pouvait résister au désir de souffrir par elle.
— Oui, souffla-t-elle, et il eut envie de baiser l’incarnat de ses lèvres.