Isabelle Lorédan a écrit de nombreux récits érotiques, notamment la belle novella Poupée de chair, publiée aux éditions Dominique Leroy, ou, plus récemment, des nouvelles aux éditions du 38 (j’ai bien aimé « Narcissa, folle de son corps », récit plein d’humour dans le recueil Fantasmes et miroirs).
Les bleus au corps est un livre différent, puisque Isabelle Lorédan y revient sur son histoire : elle raconte comment elle a été battue par son compagnon et comment elle s’en est sortie. Le récit est très touchant, je l’ai lu d’une traite. Il permet de mieux comprendre comment on peut se faire manipuler, la violence étant d’abord morale, comme on peut le voir dès le début de la relation :
« Le dimanche soir arriva, et je devais rentrer chez mes parents. Nous dinâmes, puis je préparai mes affaires tranquillement. J’attendis alors qu’il me raccompagne, je n’avais pas de voiture. C’est ce soir-là qu’eut lieu le premier clash. À l’heure de partir, il se mit à exiger de vérifier mon sac, afin de voir si je ne lui avais rien dérobé. Lorsque j’entendis cela, je fus envahie d’indignation. Comment pouvait-il imaginer une seule seconde que j’étais une voleuse ? Ça me dépassait ! Je le lui dis d’ailleurs avec force véhémence. Hors de question que je cède à son exigence, je n’ouvrirais pas mon sac. Le bras de fer dura un bon moment, mais il ne réussit pas à infléchir ma décision. Il finit par accepter de me raccompagner et nous nous quittâmes en froid, devant la maison de mes parents.
Durant trois ou quatre jours, je n’eus aucune nouvelle de lui. J’évoquai brièvement l’incident avec ma mère, mais en minimisant les choses, car après coup je me sentais coupable. Toi et ton sale caractère, me dit-elle alors… Après réflexion, comment lui reprocher son manque de confiance, alors qu’il avait été trahi par sa précédente compagne ? Puisque je n’avais rien à me reprocher, j’aurais pu accepter d’ouvrir mon sac, et ainsi montrer que j’étais digne de confiance… Si… Si… C’est finalement moi qui pris l’initiative de l’appeler, en m’excusant d’avoir été aussi têtue.
Sans le savoir, je venais ce jour-là, d’entrer dans la nasse qui me tiendrait prisonnière durant quatre ans. »
Dans la deuxième moitié du récit, l’auteure raconte comment elle a réussi à retrouver sa liberté et souligne l’importance de ne pas perdre espoir. Un beau témoignage.
Vous pouvez vous procurer Les bleus au corps sur le site des éditions Take your chance, ici.
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