Le thème du triangle amoureux me fascine depuis longtemps. Sans que je sache bien pourquoi, je le retrouve souvent dans mes écrits.
Le roman de Marie Godard, 5 jours, 4 nuits, m’intéressait donc particulièrement : l’héroïne et narratrice, Marie, y rencontre son éditeur, Jacques, avec qui elle a échangé des mails enfiévrés. Elle devient son amante le temps de quelques nuits, avec la permission de son mari Nicolas, quelque peu récalcitrant tout de même.
Malgré ce thème, j’ai l’impression d’être passée à côté du livre. Peut-être parce que je n’ai pas lu Échanges virtuels, dont ce livre est la suite ? Ou parce que je n’ai vraiment cru à ce personnage d’éditeur amoureux ?
En fait, je me suis beaucoup plus intéressée à l’amour profond que l’on ressent entre les deux époux qu’à la relation entre Marie et son amant, qui est pourtant au centre de ce court roman. Si la joie de la narratrice est palpable, les scènes de sexe m’ont semblé un peu répétitives et les dialogues érotiques artificiels :
— Marie, ma chérie, que tu m’as fait jouir avec ta bouche de cochonne enfoutrée ! Tu as senti toutes les giclées de foutre épais qui sortaient de ma pine ? À ton tour maintenant. Je vais fouiller ta chatte avec ma langue et mes mains, tout, tout doucement, et quand tu seras bien trempée et bien ouverte, je vais te prendre par derrière et enfoncer ma queue en tapant mes couilles contre tes fesses. Tu vas voir ce que c’est que d’avoir ma grosse bite dans ta chatte puis dans ton cul de chienne.
Cette avalanche de dialogue crus m’a fait penser à… Sade, dont les personnages n’hésitent jamais à se lancer dans d’interminables discours, même dans les situations les plus enchevêtrées. On le voit, le parti pris du roman est celui de la pornographie plutôt que de l’érotisme. Le sexe est à la fois décrit de façon très directe et systématiquement associé à l’amour, ce qui ne m’a pas toujours convaincue ; par contre, l’évocation des sentiments ambigus de Nicolas est une des plus grandes réussites de 5 jours, 4 nuits.
Un mot de la couverture : elle reflète assez mal le roman en faisant croire à une romance entre deux personnes jeunes. J’aurais préféré y voir les couleurs lumineuses de la campagne des alentours de Cordes-sur-Ciel où habite le couple. On devine Marie Godard très éprise de sa région (peut-être plus que de son éditeur), et j’ai regretté que le décor n’ait pas été davantage décrit. Sans doute n’est-ce pas le propos du livre…
Le roman est publié chez IS édition, en format papier et numérique.
Si tout le livre est de la veine de l’extrait, c’est véritablement de la pornographie…
Les » nouvelles érotiques » que j’écris ne vont jamais jusqu’à ces termes crus même si parfois les situations peuvent s’approcher…
Je pense que je vais acheter les deux titres si je veux suivre toute l’histoire !
C’est dans les dialogues que les mots sont les plus crus, je dirais que le livre mêle érotisme et pornographie. Et je pense effectivement qu’il vaut mieux commencer par Échanges virtuels pour une entrée en matière progressive.
Bonjour Fidèle lecteur depuis pas mal de temps, je n’étais jamais intervenu. Mais là, ça m’interpelle !
Avant tout, je précise que je n’ai pas lu ce bouquin. Et l’extrait choisi ici ne m’y engage pas. A tort peut-être, mais de toute façon on ne peut pas tout lire…
Je souhaitais rebondir sur la question des mots crus. Sans aller jusqu’à taper dans un lexique aussi trivial que ce qui semble être utilisé ici (sinon de n’importe quelle vulgarité on fera de la littérature), je reste persuadé que pour rendre vraiment compte de l’animalité et de la bestialité du désir sexuel, on ne peut se passer de mots crus. Je n’imagine pas un instant mettre mes hormones en folie à la lecture d’une nouvelle qui se baserait sur des termes « anatomiques » (bon je pousse un peu, mais vous aurez compris l’idée). Ca ne m’évoquerait rien, tout simplement.
Je suis tout à fait d’accord avec vous, et d’ailleurs j’utilise souvent des termes crus dans mes récits. Ce n’est pas cela qui m’a gênée dans le roman, et je ne critique pas leur emploi, mais plutôt le côté un peu répétitif (selon moi) des scènes et des dialogues. Bien sûr cette lecture est subjective, d’autre blogueuses ont des avis beaucoup plus positifs, Clarissa Rivière par exemple.
« Marie, ma chérie, que tu m’as fait jouir avec ta bouche de cochonne enfoutrée ! »
Comment peut-on lire ça sans éclater de rire ?
Ma foi, il faut être dans l’ambiance… Le dialogue est hors contexte, ça n’aide pas. Ce n’est peut-être pas très charitable de ma part d’avoir cité cet extrait. Il y a dans le roman une jouissance des mots qui me semble vraiment intéressante.